Si l’expression d’«âme sœur» est aujourd’hui passée dans le langage courant, elle remonte néanmoins à l’Antiquité Grecque. Platon, dans Le Banquet, expliquait en effet que jadis, les êtres humains étaient munis de 4 bras et 4 jambes, et dotés d’une force si importante que Zeus lui-même aurait pris peur ; pour éliminer la menace, il aurait alors ordonné de les couper en deux. Depuis cette époque, les hommes seraient alors condamnés à retrouver leur « moitié », injustement arrachée, et perdue quelque part dans le monde. Un mythe tenace dans lequel le concept d’âme sœur trouve son origine, pour désigner cette seule et unique personne qui sur Terre nous correspondrait.
Au-delà des considérations mythologiques, nous avons néanmoins toutes les raisons de penser que l’âme sœur n’est qu’une utopie et en aucun cas en réalité. Voilà pourquoi.
1. Statistiquement, c’est impossible.
Partons du principe qu’il y ait bien quelqu’un qui nous attend, ou qui nous cherche, quelque part sur cette planète…Autant dire qu’avec près de 7 milliards d’individus sur Terre, cela reviendrait à chercher une aiguille dans une meule de foin. Même en limitant la recherche aux gens du sexe opposé et de la même tranche d’âge, cela nous laisse un bon demi-milliard d’âme sœurs potentielles, disséminées aux quatre coins du globe.
Si l’on considère, comme l’ont montré certaines études, qu’un individu lambda croise en moyenne 30 à 40 étrangers par jour, nous n’aurions pas assez de toute une vie pour croiser notre âme sœur parmi ce demi-milliard de possibles. Alors, même si elle existe, cela vaut-il vraiment le coup que de passer toute une vie à la chercher ?
2. Géographiquement, c’est impossible également.
Au vu des chiffres précédents, comment peut-on raisonnablement croire que notre âme sœur se trouve dans notre quartier ? A priori, si âme sœur il y a, il est plus probable qu’elle se trouve aux fins fonds du Paraguay ou de la Chine que dans notre ville, notre immeuble, ou notre cercle d’amis.
D’un coup, tous ces couples qui affirment à qui veulent bien les entendre avoir trouvé leur âme sœur sont déjà bien moins crédibles.
3. Croire en l’âme sœur, c’est se créer une insatisfaction permanente.
Non seulement l’âme sœur n’existe pas, mais y croit, c’est également prendre le risque de s’exposer à des désillusions constantes. À trop rêver à l’être parfait, qui comblera toutes nos attentes, et répondra à nos moindres désirs, on se crée des stéréotypes figés, qui nous rendent incapable d’apprécier la personne que l’on a en face de soi. Or, une relation durable se construit sur le long terme, au bout d’un chemin où chacun se façonnera et se transformera pour entrer en harmonie avec l’autre.
Chercher un être en tout point conforme à nos besoins, c’est donc rejeter toute relation qui a priori ne remplit pas les critères, ou fuir dès le premier conflit, pour se placer dans une logique d’attente de la personne parfaite. C’est oublier que parfait, on ne naît pas mais on le devient, à force d’envie et de communication.
4. Le coup de foudre n’est qu’une réaction chimique.
L’ensemble des réactions qui se produisent dans l’organisme au moment du coup de foudre, c’est-à-dire de la « rencontre » avec notre âme sœur sont liées à des aspects biochimiques et physiologiques, qui n’ont rien à voir avec une éventuelle connexion mystique ou spirituelle. Ainsi, palpitations et papillons dans le ventre viennent du cerveau, et des hormones telles la dopamine ou l’ocytocine qui y sont libérées. N’y a-t-il vraiment qu’une seule personne, dans le monde entier, qui soit capable de nous faire ressentir ce genre de sensations ? On a peine à y croire.
Un conseil, donc ; au lieu de passer sa vie à attendre l’arrivée d’une hypothétique âme sœur, pourquoi ne pas tout simplement apprendre à apprécier, et à aimer, ce que l’on a déjà ? Plutôt que d’âme sœur, on pourra parler de « bonne personne ». Et des bonnes personnes, on en rencontre plusieurs au cours d’une vie, avec qui partager un bout de chemin.